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Il y a quarante ans, Bernard Chevalier livrait la somme de ses recherches sur les « bonnes villes » dans un ouvrage (Les bonnes villes de France du XIVe au XVIe siècle, 1982) où il exposait, à partir de l'exemple de Tours, les différents aspects structurels de ce système urbain au temps de la première modernité, de 1330 au début de la monarchie absolue, dans lequel il voyait un « modèle original d'urbanisation ». Même si, pour lui, ce nom de « bonne ville » était alors un nom familier et reconnu, c'est néanmoins une construction discursive ambiguë et Cléo Rager a récemment mis en évidence les hésitations de l'historiographie actuelle à reprendre cette modélisation, et même à s'emparer d'un terme dont la plasticité « dès l'époque médiévale, désignait plusieurs réalités selon les locuteurs », relevait d'un statut variable, entre « ville royale et modèle urbain ». Ce « modèle urbain original [...] qui se construit avec l'État royal », compris comme un « nouveau rapport à l'espace », rappelons-en les critères de définition posés par Hélène Noizet : - son enceinte qui lui permet d'affirmer son identité dans son unité ; - la représentativité qui y est exercée par un « corps de ville » aux mains d'une élite bourgeoise affirmant agir au nom du bien commun de la population ; - sa dynamique d'attraction des pays environnants « auxquels elle impose un ordre et un modèle » ; - sa culture urbaine, marquée par des « pratiques festives et religieuses particulières ». Sur ce dernier critère, un cycle s'est tenu en 2016-2018 sur les pratiques religieuses des Parisiens entre le XIIe et le XVe siècle, organisé à l'Institut de Recherche et d'Histoire des Textes (IRHT) dans le cadre du séminaire sur l'histoire de Paris au Moyen Âge. Ce cycle, dont les communications ont fait l'objet d'une publication en avril 2021 dans la revue Histoire urbaine, a permis de revenir sur les formes de la piété à Paris, qu'elle soit encadrée ou spontanée, en interrogeant les cultes affectionnés par les Parisiens, en particulier les élites laïques et cléricales, et la manière dont elles investissent l'espace pour les usages religieux. C'est dans la continuité de ces travaux, à une échelle plus large, que nous proposons cette journée d'études, qui se veut un moment singulier voué à réexaminer les pratiques religieuses mises en œuvre par les « bonnes gens » des bonnes villes.
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